ESI: la place d’étudiant/ stagiaire.

Vous êtes nombreux (étudiants) à m’écrire chaque semaine pour me parler de vos stages. Les ¾ du temps c’est parce qu’ils se passent mal, que vous ne trouvez pas votre place, que vous n’êtes pas à l’aise et parfois à deux doigts de tout abandonner.

Après vos nombreux témoignages qui m’ont énormément touchée et parce que je suis aussi passée par là il y a deux ans, je me suis dit qu’il serait peut-être important de vous donner mon point de vue, de répondre (je l’espère) à certaines de vos interrogations et de vous parler de ma visions des choses.

Les témoignages les plus récurrents sont ceux où vous me dites que l’équipe n’est vraiment pas sympa avec vous, les infirmières vous parlent mal, vous déstabilisent, vous n’arrivez pas à trouver votre place, vous êtes complètement lâchés dans la nature sans bien être encadrés, perdus.

Après réflexion, j’ai trouvé deux réponses à ces problèmes (c’est bien évidemment, uniquement mon point de vue)

La première est que comme, vous avez dû le voir, les conditions de travail vont mal (très mal). J’ai la chance, d’avoir un service où même si ce n’est pas tous les jours tout rose, nous sommes plutôt bien loties par rapport à ce que je peux entendre parfois. Dans un service où ça va mal et où l’équipe va mal, en général le stagiaire ne va pas s’y sentir bien. Quand on est élève je pense qu’on ne réalise pas à quel point le métier peut être pesant, stressant et comme on nous en demande toujours plus, il reste finalement peu de place à l’étudiant pour qu’on s’occupe de lui. De plus, nous avons un métier à responsabilité où la moindre erreur peut être fatale, il est donc très important d’instaurer un climat de confiance entre l’infirmier et l’étudiant. Par manque de temps ou de possibilité, ce climat ne peut malheureusement pas se créer. Alors certes, c’est notre devoir de transmettre notre savoir, d’encadrer un étudiant, mais il y a des jours où on n’arrive même pas à gérer nous-même notre premier rôle: s’occuper de tous les patients.

La deuxième réponse est (on ne va pas se mentir) : il y a des infirmières aigries de leur boulot, vraiment pas joviales qui sont vraiment ingrates avec les élèves mais ça malheureusement je crois que ça fait partie de leur caractère et je ne pense pas qu’on puisse y faire grand-chose. Elles ont pour certaines oublié qu’elles ont, elles aussi, été de l’autre côté. Aussi, beaucoup d’anciennes infirmières ont du mal à visualiser le nouveau programme de notre formation depuis 2009 où elles sont très exigeantes alors qu’on sait tous que même en arrivant en 3e année (tout dépend bien évidemment de nos parcours de stage), mais beaucoup ont fait très peu de soins et nous n’avons pas forcement toutes les connaissances de suite requises pour le service en question.

Ma solution pour les tuteurs de stage:

  • Refuser (si possible) de prendre un étudiant quand on nous propose si nous n’avons pas envie afin que ce ne soit pas délétère pour lui
  • Faire le point dès l’arrivée de l’étudiant afin de prendre connaissance de ses “acquis” et des autres compétences à améliorer si non pratiquer par exemple
  • PRENDRE LE TEMPS parce que c’est important de former nos futurs collègues, prenez le temps pour eux, votre équipe est je pense à même de comprendre que vous soyez un peu plus lente certains jour pour accompagner votre étudiant
  • Etre patient avec eux, nous même savons que ce n’est pas facile au début de prendre ses marques dans un service
  • Les guider
  • Leur laisser de l’autonomie pour les responsabiliser et les impliquer
  • Ne pas les prendre pour vos larbins (les envoyer faire des photocopies à tout va ou leur demander de préparer votre café, ce n’est vraiment pas le but)
  • Les faire participer au maximum aux soins techniques
  • Essayez de vous former sur leur porte folio. Sachez que les compétences doivent être validées plusieurs fois sur les 3 années et que si vous les validez à un stage ça ne veut pas dire que c’est validé pour les 3 ans, arrêtez de mettre ” à améliorer” quand ça a été acquis dans le service
  • Dites leur quand c’est mal, autant ne pas laisser traîner les choses (la communication c’est le cœur de notre métier non?) et dites-leur aussi quand ça va bien ! C’est très encourageant et ça leur permettra de prendre confiance en eux
  • Faire le point régulièrement avec l’étudiant

Pour finir, je me suis dit qu’un guide « du bon stagiaire » avec les points qui sont selon moi importants vous aiderait pour mieux appréhender votre stage :

  • Se présenter à toute l’équipe (à chaque fois que vous voyez de nouvelles têtes, même si certaines n’auront même pas le tact de vous répondre)
  • Se renseigner au maximum sur le futur stage en question (les pathologies dominantes par exemple) afin d’arriver avec un petit bagage en main au stage
  • Prendre en considération les remarques que vous dit la personne qui vous encadre et savoir se remettre en question
  • Travailler sur les pathologies ou la pharmacologie que vous ne connaissez pas dès les premiers jours du stage (si 3 semaines après on vous pose toujours les mêmes questions et que vous ne savez toujours pas répondre ça peut fortement agacer votre tutrice)
  • Etre curieuse et volontaire (poser toutes les questions à votre encadrant, il n’y a jamais de questions bêtes !)
  • Essayer de ne jamais rester sans rien faire, il y toujours des choses à faire ! (décontamination, rangement de la pharmacie, revoir les patients etc …)
  • Ne pas être tout le temps sur son téléphone !!! (c’est très impoli vis à vis de votre formateur ou vis à vis du patient)
  • Restez à sa place d’élève, n’apprenez pas à une infirmière son métier (ça peut être très mal perçu, ça n’empêche en rien de discuter par contre avec elle des nouveau procédés que vous avez appris à l’école)
  • Parler de suite de ses inquiétudes à votre tutrice
  • Avoir un carnet sur soi pour noter toutes les recherches à faire ou les informations qui pourraient vous aider pour le reste du stage
  • Si ça ne va pas et que l’IDE n’est pas à votre écoute essayez d’en parler à la cadre du service ou à votre formateur référent

J’espère vous avoir éclairé sur vos questionnements, un petit mot pour vous dire de ne pas perdre espoir si un de vos stages ne se passe pas très bien, faites un point, prenez conscience de vos acquis et le stage d’après sera probablement meilleur.

A très bientôt,
Anaïs

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